(Par Sid Ahmed HADJAR)

« Ses vingt cinq printemps, il a dû les avoir il y a déjà quelques mois. Ce jeune Mostaganémois de souche qui vient juste d’empocher avec succès sa licence de littérature française, se trouve être, aujourd’hui, un chanteur d’avenir dont le talent à vrai dire, n’a point d’égal.
Lui, c’est Fayçal ou Mustapha, c’est selon ; et il reste le digne successeur de son père Benkrizi, en l’occurrence Hadj Moulay, le précurseur de la musique andalouse à Mostaganem. C’est d’ailleurs ce dernier qui fondera en 1967 la prestigieuse école du Nadi El-Hilel Ettaqafi – (ex-Cercle du Croissant) –
Pour revenir au jeune Fayçal, ses débuts dans le monde de la musique, il les fera dès l’âge de cinq ans, un certain Juin 1977, et puis, au bout du compte, il finira par acquérir ses titres de noblesse dans l’interprétation de l’andalou, du haouzi, mais aussi dans le domaine du âroubi et parfois du chaâbi.
Maîtrisant parfaitement la mandoline, le violon, qanoun, piano et notamment le R’beb – (ayant été le premier à y avoir joué à Mostaganem) – la jeune étoile montante de la Perle du Dahra, a eu comme professeur et principal éclaireur à l’époque, Hadj Moulay qui transmettra à sa progéniture le gros de ses connaissances, puis Hadj Mohamed Khaznadji d’Alger, qui lui enseigna pas mal de morceaux presque inédits, et Cheikh Abdelkader Ghlamallah dans le domaine du solfège.
Ce dernier aura, entre autres, le privilège de découvrir le premier, la voix de Fayçal ; puis il y eut également la patte du frère, le Docteur Fodil, Hamaïdia un talentueux musicien, et autres Omar Berber.
Notre ami Fayçal dont le père fut élevé au sein de la célèbre école algéroise « El-Mossilia », et disciple entre autres du Maître Hadj Omar Bensemmane, a eu le temps de rallier plusieurs villes de haute tradition andalouse, à l’occasion de différents festivals ayant eu lieu sur place.
Il y a lieu de citer alors celui de Tlemcen entre 1982 et 1990, les Printemps Musicaux d’Alger avec, à la clé, le 3ème Prix en 1987 et 1989, le Malouf de Constantine (82 à 87), Oujda (1990), Tétouan, Paris (1990 et 1994), Aubervilliers (France) en 1993 et autres UNESCO, Paris 1994.
Lors du Salon de l’Enfance d’Alger en 1988, il enlèvera le 1er Prix en sa qualité de chef d’orchestre au moment où il animera plusieurs galas à Oran, Cherchell, Koléa et bien entendu, Mostaganem ; et ce, en plus des mariages et fêtes familiales où il excellera dès l’âge de 14 ans.
Le futur maître de la chanson andalouse aura eu, pour ainsi dire, l’immense privilège d’accompagner à maintes reprises des sommités telles que Khaznadji, Sid Ahmed Serri, Skandrani, le chanteur israélite Lili Boniche, les jeunes Algériens Hamidou et Chaouli à Paris notamment en 1994.
A Mostaganem, il aura en plus, fait le tour en côtoyant à même un orchestre, les prestigieux Maâzouz Bouadjadj, Mâamar Chadli, Habib Bentahar, Noreddine Benatia, ainsi que la digne relève des ténors, en l’occurrence les Boukhalfa, Ould Moussa, Ghlamallah, Baïnine, Benghali etc…
Depuis Avril 1996, Fayçal mit en vente en France son CD enregistré au préalable à la maison d’édition française « Al-Sur » et qui comporte plusieurs extraits de la nouba Raml-Maya ainsi que des morceaux de Aroubi et Haouzi.
Le jeune Fayçal qui a pour idoles Mohamed Khaznadji et Dahmane Benachour notamment, a avec son frère, créé depuis 1993, un orchestre professionnel, « Avempace » avec lequel plusieurs tournées auront été effectuées à travers l’étranger.
En attendant, le petit virtuose du violon envisage d’enregistrer un autre CD en France toujours. Et cela ne peut, en fait, que contribuer à son ascension artistique et promouvoir des potentialités intactes.
Fayçal Mustapha Benkrizi constitue en fait, à Mostaganem, l’exemple à suivre, et d’ailleurs, ils sont des dizaines de son âge à vouloir tenter leur chance sur une scène mais, hélas, peu de gens auront daigné les guider sur la voie la plus sûre. Puisse la volonté et la persévérance de Fayçal, faire des émules un beau jour ».
Signé : Sid-Ahmed Hadjar
(Fin de citation)
Passage extrait des mémoires de Hadj Moulay BENKRIZI
Apparemment le cursus artistique du jeune Fayçal semble respecter une logique inversement proportionnelle à son âge, puisqu’il est formellement établi que l’intéressé, bénéficiant bien sûr d’un contexte et d’un environnement des plus favorables, fut très tôt attiré par les disciplines sensorielles. Notamment par la musique classique andalouse, à un âge où les enfants de cinq ans préfèrent généralement gambader dans la nature ou donner des coups de pied dans une balle, fût-elle en chiffons ; ce qui, entre parenthèses, n’était pas pour déplaire à son géniteur qui voyait avec satisfaction son dernier rejeton suivre allègrement les traces de son frère aîné Fodil.
A ce propos, je me souviens d’une anecdote fort sympathique, lorsque au cours d’une participation du Nadi le 25 Décembre 1982, au 1er festival du Med’h initié par le CFVA au TNA d’Alger, Sid Ahmed Serri demanda à son voisin de travée, qui n’était autre que Hadj Bouziane Benguettat, « qui était ce ‘’ bout de chou ‘’ de violoniste assis près du chef d’orchestre, et qui semblait vraiment absorbé par l’exécution de la nouba ‘’H’sine’’ interprétée pour la circonstance » ?
Il est vrai que le petit Fayçal était habitué à monter sur scène depuis 1977 déjà, mais il faut dire que c’était la toute première fois que le benjamin des Benkrizi prenait part à un concert officiel en jouant sans complexe du violon, aux côtés des autres musiciens chevronnés et de beaucoup, plus âgés que lui. Il avait alors tout juste dix ans, et ses pieds n’arrivaient pas à toucher le sol. Ce qui n’avait pas manqué de susciter la curiosité et l’intérêt de l’illustre Maître.
Cependant, le lecteur averti ne manquera pas de relever un certain nombre de faits saillants qui, sous des apparences anodines, illustrent d’un éclairage lumineux les procès d’intention et autres malveillances gratuites dont je n’allais pas tarder à être généreusement gratifié par certains membres du Comité-même de notre Nadi. Et ceci, alors qu’il est de notoriété publique que toute mon attention et mon énergie étaient polarisées sur deux objectifs essentiels à savoir : D’une part assurer une relève consistante en nombre et en qualité, et d’autre part, élever le niveau général de l’ensemble des élèves de manière à rivaliser efficacement avec les associations les plus prestigieuses du pays.
Un point de fixation qui m’avait alors empêché de remarquer les prouesses techniques et vocales réalisées par l’un de ma propre progéniture, puisqu’il est notoirement connu et admis aujourd’hui que c’est l’un de mes disciples de l’époque, en l’occurrence le jeune Abdelkader Ghlamallah qui, s’étant aperçu le premier des possibilités et des progrès réalisés par son jeune élève Fayçal, vint m’en parler et intercéder en vue de l’intégrer dans le groupe des chanteurs-solistes du Nadi.
A l’évidence, cela n’était pas suffisant aux yeux de ces dirigeants malintentionnés et malveillants, qui soutiendront plus tard contre toute logique, dans les années 1991 et suivantes, « que toute mon action à la tête de la barre technique du Nadi était en fait, guidée par un seul souci, celui de propulser mon fils aux devants de la scène, en profitant de ma « position privilégiée » au sein de la Doyenne des associations. Rien que cela !
Il suffit pour s’en convaincre, de se remémorer la farce tragi-comique du projet « torpillé » d’enregistrement d’une cassette-audio par le Nadi, et les raisons des plus farfelues invoquées pour son abandon par ce même Comité-Directeur dans le courant du mois de Mai 1992, sans même prendre la peine de me prévenir, par courtoisie.
C’est d’ailleurs par réaction à cet incident grotesque et stupide que Fodil sera amené plus tard, à concevoir l’idée de faire enregistrer, cette fois, un CD par ce même Fayçal avec l’orchestre « Avempace » de Mostaganem, en ayant recours à l’une des plus grandes maisons d’édition parisiennes .
Sans parler des échos très élogieux suscités par plusieurs galas animés dans les années 1993 et 1994 à l’étranger par cette même formation aux possibilités insoupçonnées et un talent insondable, ainsi qu’un tout-premier enregistrement « professionnel » télévisé par l’ENTV, un Jeudi 17 Décembre 1998.
Ce sera d’ailleurs une preuve de plus dans le sens d’une confirmation des motivations réelles et des intentions secrètes de cette catégorie de « dirigeants » irresponsables et de pseudo-éducateurs de pacotille, dont la passion pour la musique, et pour la chose culturelle en général, s’estompe allègrement devant de viles considérations de préséance, fondées essentiellement sur des ressentiments inavoués quand ce n’est pas tout simplement une jalousie aussi déplacée que ridicule.
Mais que voulez-vous ! A chacun son éducation et à chacun sa propre culture, n’est-ce pas ? Il est vrai que nul ne dispose du pouvoir de refaire le monde.
N.B. Schéma du cursus artistique de Fayçal.
-- 1977 : 1ère prestation sur scène, à 5 ans, avec la chorale du Nadi à Sayada.
-- 1982 : 1ère participation sur scène en tant que violoniste à 10 ans.
-- 1983 : Soliste au R’beb avec la classe Supérieure, au TNA d’Alger à 11 ans
-- 1985 : 1ère prestation au Qanoun au TNA d’Alger à 13 ans.
-- 1986 : Chanteur-soliste le 20 -11-1986 à l’âge de 14 ans.
-- 1995 : Enregistrement du 1er CD au cours du mois d’Août 1995 à 23 ans.
-- 1998 : 1er enregistrement télévisé par l’ENTV le Jeudi 17-12-1998.
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